L'argent n'est pas réel.
Mais la confiance que nous lui accordons l’est.
Je vais t’expliquer comment on en est arrivé là, et pourquoi le Bitcoin est en train de remettre le fonctionnement en question.
Le troc
Il y a plusieurs milliers d’années les échanges se faisaient grâce au troc.
Tout partait de la spécialisation : le boulanger faisait du pain, le boucher préparait la viande, et le bûcheron coupait du bois.
J’échangeais mon bien contre celui de quelqu’un d’autre.
Chacun se concentrait sur ce qu’il savait faire, puis échangeait avec les autres pour satisfaire ses besoins.
Mais ce système a ses limites.
Et si ce que je produis n’intéresse personne sur le moment ?
Ou si ma spécialisation n’est pas utile ?
Je me retrouve sans solution et j'ai du mal à survivre.
Et même quand il y a des ressources en surplus c’est problématique.
Si je ne peux pas les conserver, elles finiront par être perdues ou détruites.
C’est là qu’apparaît une solution qui va révolutionner le monde : la monnaie.
La monnaie
Les gens de l’époque ont rapidement compris que la monnaie devait remplir plusieurs fonctions.
Elle devait :
- Être facile à échanger
- Être facile à transporter
- Conserver sa valeur
Tu l’auras compris, une vache ferait un très mauvais candidat pour la monnaie.
Elle est encombrante, difficile à déplacer et elle ne se conserve pas très bien.
À la place, les gens ont choisi des objets précieux et durables comme des coquillages, du sel ou des pierres rares.
Certains de ces objets étaient choisis parce qu’ils avaient une utilité pratique.
Le sel, par exemple, servait aussi à conserver les aliments.
Mais d’autres objets comme les pierres précieuses ou les coquillages n’avaient aucune fonction réelle en dehors de leur rôle de monnaie.
Ce qui leur donnait de la valeur, c’était un accord tacite entre les gens :
“On décide ensemble que cet objet a de la valeur, et il servira à faire des échanges”.
Retiens bien ce principe.
C’est là que tout a changé.
Je pouvais vendre ce que je produisais à tout moment pour obtenir de la monnaie en retour, et l’utiliser pour acheter ce dont j’avais besoin auprès de quelqu’un d’autre.
La transition vers la monnaie papier
Une nouvelle solution s’accompagne toujours de nouveaux problèmes à résoudre.
Transporter de grosses quantités de pierres précieuses, de coquillages ou de sel n’est pas pratique ni sécurisé.
Surtout lorsque des personnes mal intentionnées veulent s’en emparer…
Encore une fois, les humains de l’époque ont pensé à une nouvelle solution.
Les premières banques, les églises et certaines guildes de marchands ont commencé à proposer un système ingénieux :
Déposer les richesses dans un endroit sécurisé en échange d’un reçu attestant que la richesse est bien entreposée.
Le système reposait cette fois-ci sur la promesse :
“J’ai confiance en cette entité pour me rendre mes richesses quand j’en aurai besoin”.
Plus besoin de transporter de l’or ou du sel, il me suffisait d’un papier pour réclamer mon dû.
Pratique, non ?
Encore des problèmes
Le système a fonctionné pendant un temps, mais de nouveaux problèmes ont surgi.
Que se passait-il si le protecteur perdait mon argent ?
Ou pire, que se passait-il s’il falsifiait la monnaie ou créait de nouveaux reçus sans en posséder la contrepartie ?
Sans surprise, certaines banques ont commencé à émettre plus de reçus qu’elles avaient de ressources en leur possession.
Lorsque trop de gens venaient réclamer leurs biens en même temps, elles ne pouvaient plus leur fournir.
La centralisation
Pour éviter ces dérives, les États ont commencé à prendre le contrôle du système monétaire.
Il fallait bien qu’une autorité plus grande avec plus de garanties s’en charge et empêche qu’il y ait des abus.
Les rois, puis les gouvernements, ont donc commencé à centraliser l’émission de la monnaie.
Ils ont pris le contrôle des grandes banques et ont commencé à émettre leurs propres billets, garantis par les réserves d’or ou d’argent détenues par l’État.
Mais pourquoi y croire cette fois-ci ?
Parce qu'en théorie, tant qu’une autorité avec du pouvoir (et une armée surtout) nous dit que ce papier vaut quelque chose, alors je peux lui faire confiance.
C’est cette garantie qui a permis à la monnaie papier de s’imposer.
Quand la monnaie n’est plus adossée à du réel
Au départ, chaque billet émis par l’État était garanti par des réserves physiques.
Il y avait une quantité d’or ou d’argent correspondante à chaque billet en circulation, bien stockée quelque part.
C’est ce qu’on appelait l’étalon-or.
Mais avec le temps, les États ont commencé à s’éloigner de ce modèle.
Pourquoi ?
Parce que l’or était limité, mais les besoins de l'État ne le sont pas.
Et un État qui voulait financer une guerre ou relancer son économie avait besoin de créer plus de monnaie que ce qu’il possédait en réserves d’or.
Petit à petit, les gouvernements ont abandonné l’idée de garantir leur monnaie avec de l’or.
Le paradoxe : on demande toujours plus de confiance pour quelque chose qui devient de moins en moins réel.
La monnaie fiduciaire
Aujourd’hui, la monnaie qu’on utilise repose uniquement sur la confiance dans l’État et le système.
C’est ce qu’on appelle une monnaie fiduciaire.
Un billet de 500 euros n’est qu’un morceau de papier.
Mais c’est un papier reconnu par l’Union européenne comme ayant cette valeur.
Et cette valeur tient tant que la confiance qu’on a n’est pas rompue.
Il faut comprendre qu’avec cette centralisation totale, l’État et les banques centrales ont un pouvoir immense :
- Ils fixent les règles du jeu pour tout le système financier
- Ils contrôlent la quantité de monnaie en circulation
- Ils peuvent créer de l’argent à partir de rien
Les critiques
Qui dit pouvoir immense, dit dérive, dit critiques sur la gestion.
Les principales critiques ?
Les banques centrales peuvent créer de l’argent comme elles veulent.
Certaines personnes pensent que c'est ce qui fait baisser la valeur de ce qu'ils ont déjà.
C’est le principe d’inflation.
Ensuite, je n'ai aucun contrôle sur ce système.
Les décisions sur les taux d’intérêt ou l’impression de billets sont prises par un petit groupe de personnes (le FOMC aux États-unis par exemple).
Moi dans tout ça ? Je subis.
Et pour finir, tout repose sur un système centralisé.
Tellement centralisé que si le système faiblit, tout s’écroule et on a affaire à des crises financières.
Mais si on pouvait éviter tout ça ?
Le Bitcoin
En 2009, Satoshi Nakamoto a lancé un projet qui prétend résoudre ces problèmes :
L’idée de base est radicale : une monnaie indépendante.
Indépendante des gouvernements, des banques, et même d’une autorité centrale unique.
Pas besoin de faire confiance à quelqu’un pour garantir la valeur de cette monnaie.
Les règles sont dans le système, et ce système est conçu pour fonctionner tout seul.
Pourquoi c’est "différent" cette fois-ci ?
Une monnaie décentralisée
Le Bitcoin repose sur un réseau informatique mondial.
Chaque transaction est enregistrée dans un système qu’on appelle la blockchain.
- Pas besoin de banque pour vérifier les échanges.
- Pas besoin de réserve d’or pour garantir la valeur.
Et surtout :
- On ne peut pas créer de Bitcoin à l’infini. La limite est fixée à 21 millions
- On ne peut pas modifier ou falsifier les transactions
- Tout le monde peut participer au réseau, sans autorisation
À moins que la moitié des ordinateurs du réseau le décident, il n'y a pas de changement possible.
Et si tu n'as pas bien compris, je te laisse avec cette citation de Naval Ravikant :
"Pense au Bitcoin comme à un compte bancaire dans le cloud, totalement décentralisé : ni le gouvernement suisse, ni le gouvernement américain ne le contrôlent. Ce sont tous les participants du réseau qui le font respecter."
Disclaimer : J’ai simplifié des concepts complexes pour les rendre accessibles. Certains mériteraient plus d’explications.